Antidotes à l’éco-anxiété

C’est une question qu’on vous pose souvent, en revenant de reportages dans l’anthropocène (cette nouvelle ère géologique marquée par les activités humaines) : entre changement climatique, fonte des glaciers, gaz à effet de serre, pollutions, perte de biodiversité… si on ne revient pas un peu déprimé.

Eh bien non. Car, partout et toujours, on y rencontre aussi des raisons de ne pas se résigner à la catastrophe. Des initiatives -même modestes- de sortie de l’inéluctable comme seul horizon. Pas l’ataraxie du sage décroissant (tendance tofu canal historique), mais pas non plus une vie au rabais que nous promettent les pourfendeurs de l’”écologie punitive”.

Plutôt changer de braquet, et nous sortir du cul-de-sac climatique. Avec des cochons heureux, des favelas bio, une forêt contre la pollution et une île qui se rhabille de végétation.

Un tour d’horizon des bonnes résolutions et d’exemples réussis pour faire autrement, qui commence près de chez nous aux Pays-Bas, champion européen de l’élevage intensif avec plus de 100 millions poulets, vaches et cochons. Car le pays s’est résigné (après une condamnation de sa Cour Suprême en 2019) à diminuer son cheptel de 30%, devant l’ampleur des dégâts dans les sols, les cours d'eau et l’air… Ce qui ne peut que satisfaire Kees Scheepens, repenti de l’agrobusiness qui nous reçoit dans son élevage du Sud-Brabant, très loin des usines à cochons.

Changement d’ambiance au Brésil, dans une favela bio de Rio. Dans le Complexo do Alemão, regroupement de 13 de ces communautés où vivent au bas mot 70 000 personnes en marge des droits et de la sécurité, certains cherchent à concilier justice sociale et environnementale. Et expérimentent l’agriculture urbaine sans pesticides, jusqu’à des installations d’aquaponie faites de matériaux de récupération. Parce que ce qui est bon ne peut être qu’un truc de riches, les plus modestes aussi y ont droit.

Tout autant qu’à de l’air respirable et de la végétation. Comme dans la forêt ressuscitée à Gurgaon, la banlieue sud de Delhi, où près de 300 ha de terrains vagues et de vieilles carrières ont été réhabilités pour créer le Parc de Biodiversité d’Aravalli. Et le travail cordonné depuis plus de 10 ans par Vijay Dhasmanaa (qui se présente comme un “réensauvageur”) porte ses fruits : au milieu d’une véritable jungle urbaine, la nature sauvage revit.

Très loin de New Dehli, au Québec aussi on veut faire repousser des forêts. Une urgence encore plus vive après les terribles incendies de l’été dernier, où 4,5 millions d’hectares de forêt sont partis en fumée dans la Province, plus qu’au cours des 20 dernières années cumulées. Or depuis 3 ans, la Société pour la Nature et les Parcs (SNAP) mène sur l’île de Sainte Thérèse, à la confluence du Saint Laurent et de la rivière des Prairies, à l’est de Montréal, un chantier de renaturalisation. 20 000 arbres ont déjà été plantés sur des friches, pour favoriser la biodiversité et verdir le Grand Montréal. Un beau début et une conclusion provisoire à ce tour d’horizons au goût de réussite. Sur un air d’éco sérénité.

Reportages : Giv Anquetil

Réalisation : Maria Pasquet, Clément Nouguier

Traduction : Padma Natarajan et Anne Vigna

Programmation Musicale :

Joby Valente “Disque la rayé”

Wilson Simonal “Pais Tropical”

Usha Uthup “Chhupke Kaun Aya”