L’eau n’a pas fini de descendre dans plusieurs communes du Pas-de-Calais, même si les conditions météorologiques se sont améliorées, et la Canche, le fleuve qui traverse Montreuil-sur-Mer, reste en vigilance orange. Deux semaines et demie après le début des inondations dans la région, le réassureur public CCR, gestionnaire du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles, évalue, mercredi 22 novembre, à 550 millions d’euros le coût de ces inondations.
Ce montant reste limité si on le rapporte à des catastrophes récentes d’ampleur nationale, comme les épisodes de grêle et de sécheresse de 2022, qui ont coûté respectivement 3,5 et 6 milliards d’euros. Mais il traduit un événement d’une intensité « très anormale » pour les départements touchés.
Le débit de la Liane a par exemple dépassé tous les niveaux observés depuis cinquante ans. Avec à la clé des dégâts parfois considérables : mardi 21 novembre, la préfecture du Pas-de-Calais recensait 5 849 habitations touchées dans 262 communes et précisait que 118 exploitations agricoles avaient déjà sollicité la cellule d’appui activée trois jours plus tôt.
Les dispositifs de prévention en question
Le coût des inondations, qui pourrait encore augmenter, sera pris en charge pour moitié au moins directement par CCR, au titre de la réassurance publique. Le reste sera assumé par les assureurs, qui devront en outre supporter la majeure partie du 1,3 milliard d’euros de dégâts causés, selon un décompte lui aussi provisoire, par les tempêtes Ciaran et Domingos.
Par leur caractère exceptionnel, les inondations ont dépassé les capacités d’une partie des dispositifs de prévention, dont l’efficacité devra sans doute être renforcée une fois tirés les enseignements des derniers événements. « La prévention fonctionne jusqu’à un certain niveau, mais lorsque la catastrophe est très importante, elle dépasse tout, même les bonnes mesures. C’est le sujet du moment : avec le réchauffement climatique, arrêter un sinistre n’est plus du tout la même chose qu’il y a vingt ans », souligne Edouard Vieillefond, directeur général de CCR.
Les dispositifs de prévention des inondations et des submersions marines ont représenté près de 250 millions d’euros d’investissements ces dix dernières années dans la région Hauts-de-France, dont 210 millions d’euros pour les infrastructures de protection, comme les digues.
A l’horizon 2050, la prévention pourrait permettre d’économiser un montant équivalent au coût annuel actuel des inondations, alors que sans elle, le dérèglement climatique et la concentration des biens assurés dans des zones à risque menacent de multiplier ce coût par 2,5, estimait CCR dans une étude publiée en septembre.