Punaises de lit : la guerre est déclarée

Les punaises de lit sont partout dans les journaux depuis cet été, et se sont retrouvées plus récemment dans les cinémas parisiens. Inféodé à l’humain depuis des milliers d’années, cet insecte hématophage est revenu en force avec la mondialisation et le déplacement de biens et de personnes.

Non-transmettrice de maladie, la punaise de lit aime vivre dans nos lits et canapés pour se nourrir la nuit, quand nous sommes au repos. Ses piqûres sont généralement inoffensives, mais sa présence peut cependant causer de graves souffrances psychologiques qu’il faut prendre très au sérieux : pourquoi est-elle aussi présente aujourd’hui, comment s’en protéger, et que faire lorsqu’il y a infestation ?

C'est à toutes ces questions que le rapport de l’Anses sorti en juillet 2023, “Punaises de lit : impacts, prévention et lutte”, répond, afin de sensibiliser la population sans tomber dans la psychose. Ce rapport revient sur l'impact et l'ampleur des punaises de lit en France.

On en parle avec :

• Johanna Fite, chargée de mission vecteur et lutte anti-vectorielle au sein de l’unité de santé animale à l’Anses
• Pascal Delaunay, parasitologue et entomologiste médicale au CHU de Nice

Les infestations de punaises de lit en augmentation

Depuis la Seconde Guerre mondiale, elles avaient presque disparu du fait de l'utilisation de produits insecticides. Elles ont commencé à refaire surface après que l'usage des DDT soit interdit dans les années 1970. Elles redeviennent invasives depuis les années 1990-2010 avec l'essor des voyages.

Aujourd'hui, ce sont 11 % des foyers français qui hébergent malgré eux des punaises de lit à la maison. Après des décennies d'absence, ces petits insectes ont fait leur retour dans les matelas et les sommiers avec des infestations qui sont en augmentation, selon le rapport de l'Anses. Et non-contentes de squatter nos chambres, les punaises de lit ont aussi gagné certains lieux publics comme le métro, les cinémas et les écoles.

Selon une enquête d'Ipsos, réalisée justement pour l'Anses, 1 foyer sur 10 a été la cible d'une infestation de punaises de lit entre 2017 et 2022 et on observe une augmentation des infestations essentiellement due à l'augmentation des voyages internationaux, mais aussi à l'augmentation de la résistance des punaises aux insecticides contre lesquels elles s'arment, deviennent résistantes. Ce sont les deux raisons bien identifiées aujourd'hui nous rappellent les deux spécialistes, avec, dans une moindre mesure, le commerce de biens d'occasion. Sans compter de plus en plus de consultations de patients victimes physiquement et psychologiquement de cet insecte invasif, plus particulièrement dans les grandes agglomérations en général.

Les caractéristiques biologiques des punaises de lit

Du point de vue biologique, on les voit à l'œil nu et on arrive à les identifier facilement souligne Pascal Delaunay : "c'est un petit insecte gros comme un pépin de pomme quand c'est adulte ; quand elle est toute petite et qu'elle sort de son œuf, elle fait 1 mm, pour évoluer jusqu'à 5 mm. Elle a cinq stades juvéniles, car avant de devenir une adulte, elle va devoir perdre cinq fois sa peau. Elle ne sait manger que du sang, c'est pour ça que l'infestation est exponentielle et envahit rapidement en quelques semaines un appartement."

Elles se nourrissent principalement la nuit pendant que nous dormons, c'est un insecte de nuit qui attend notre repos pour venir se nourrir explique le parasitologue : "Son repas va être assez lent, allant de trois à quinze minutes. Ce qu'elle attend surtout, c'est le repos, c'est pourquoi, c'est un insecte plutôt nocturne. Les deux choses qui les attirent, c'est notre dégagement de gaz carbonique et notre chaleur. Et après, à quelques centimètres de nous, notre odeur".

Aucun risque de maladie, mais des impacts potentiels sur la santé psychologique

Le seul inconvénient, c'est qu'elles piquent et recouvrent notre corps de boutons, de rougeurs. La punaise injecte un produit anesthésiant, ce qui fait que la piqûre va être indolore, à défaut de ne pas donner l'envie de se gratter pendant plusieurs jours. Si elle ne transmet absolument aucune maladie, elle peut à plus ou à moyen terme venir impacter notre santé mentale selon le temps que l'on met à les chasser : "C'est une épreuve relativement longue qui nécessite beaucoup de patience ajoute Pascal Delaunay puisqu'il y a tout un travail qui consiste à trouver tous les endroits stratégiques où elles se logent, principalement le sommier du lit, le canapé, tous les petits recoins d'ombre, mais aussi les plis des vêtements. L'impact psychologique est réel, car comme elle oblige à la vigilance, celle-ci peut basculer en hyper vigilance. Mentalement, c'est souvent très dur à vivre, mais majoritairement, on s'en sort entre deux et six mois".

La propreté n'a rien à voir

Ça n'a rien à voir avec une question d'hygiène souligne Johanna Fite en plus de rappeler que quel que soit le niveau socio-économique du foyer, on peut être touché. Ce sont essentiellement les gens qui voyagent le plus, qui ont donc plus de chances d'en rapporter dans leur valise, les jeunes actifs ainsi que les personnes vivant dans un foyer collectif.

Des interventions onéreuses

Le rapport de l'Anses évaluait pour la première fois le coût économique et sanitaire des punaises de lit en France qui est très élevé. Pour les ménages touchés, Johanna Fite nous apprend qu'un ménage dépense environ près de 900 € pour se débarrasser des punaises. Ensuite, pour l'ensemble des ménages français, cela représente 230 millions d'euros par an. Pour un coût sanitaire de 83 millions d'euros en 2019, composé d'1 million d'euros pour les arrêts de travail, 3 millions d'euros pour le soin des personnes, les soins physiques, les traitements médicaux et 79 millions d'euros environ pour la baisse de la qualité de vie, un coût indirect qui permet d'estimer la perte de qualité de vie. Entre 2017 et 2022, 1,4 milliard d'euros pour la lutte contre les punaises de lit par les ménages français.

►  Punaises de lit : des conséquences sur le budget et la qualité de vie des français

Quelles solutions pour se débarrasser des punaises de lit ?

• Rester vigilant dans les lieux où on se rend, inspecter les matelas, les canapés
• Faire un diagnostic de certitude, vérifier tous les recoins obscurs, essayer de trouver les souillures, vérifier la répartition des punaises dans le logement pour évaluer l'ampleur de l'infestation
• Avant de passer à une lutte physique proportionnée et ciblée, procéder à une lutte mécanique : rangements, mettre dans des sacs hermétiques toutes les affaires à traiter, aspirer, nettoyer, boucher tous les trous, vérifier les prises, les plaintes…
• Pascal Delaunay est actuellement en train de publier un travail qui démontre que la terre de Sommières marche très bien. C'est un papier buvard extrêmement puissant. Tout est une question de proportions.
• La congélation des petits objets à -20 degrés pendant 48 à 72 h.
• Rester vigilant avec les achats de seconde main au risque d'en rapporter à la maison
• Dans le cadre d'intervention agrée, l'emploi de chiens renifleurs de punaises fonctionne bien pour flairer les punaises.
• Les huiles essentielles : une utilisation possible, mais à court terme.

►  Le rapport de l'Anses

• Faire appel à un professionnel de la désinsectisation

Assurez-vous qu’il soit labellisé “punaises de lit”. Vous pouvez retrouver la liste des entreprises labellisées sur :  cs3d-expertise-punaises.fr

Si le professionnel utilise un insecticide, celui-ci doit être en possession d’un certificat Certibiocide en cours de validité délivré par le ministère de la Transition écologique.

Liste des entreprises qualifiées et formées pour la détection canine  SEDCPL expertise-détection canine de punaises de lit (expertise-detection-canine-punaises-de-lit.fr)
Le réseau des ADIL vous informe gratuitement sur toutes les problématiques logement et habitat.
Pour toute question appelez le :  0806 706 806

• Ressources sur le site du Ministère de la Transition Écologique

• L'État vous accompagne
• Se débarrasser des punaises de lit