Clim et climat : le serpent qui se mord la queue

Clim et climat : le serpent qui se mord la queue ©Getty - Prathan Chorruangsak
Clim et climat : le serpent qui se mord la queue ©Getty - Prathan Chorruangsak
Clim et climat : le serpent qui se mord la queue ©Getty - Prathan Chorruangsak
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D'ici 2050, il y aura environ 5,6 milliards de climatiseurs dans le monde. Pourtant, la climatisation est un facteur aggravant du réchauffement climatique. Symbole de maladaptation aux canicules, comment limiter l'usage de la clim et quelles sont les alternatives ?

L'usage de la clim n’est pas chose anodine, elle soulève trois questions de la maladaptation face aux canicules :

  • Les émission de GES (gaz à effet de serre), en cause les fluides frigorigènes des systèmes de climatisation, dont certains selon l'Ademe ont un pouvoir de réchauffement évalué entre 1 300 et 3 260 fois plus élevé que le CO2.
  • L'usage massif de la clim, très énergivore en électricité, expose aux coupures de courants.
  • La clim rejette de l’air chaud. Si la clim était généralisée en Île-de-France en cas de canicule, la température pourrait augmenter de 2 degrés (dans les zones denses).

Les alternatives à la climatisation se logent dans des faisceaux de solutions, l'isolation des bâtiments, la végétalisation des rues, la création d'îlots de fraîcheur, à l'intérieur des bâtiments et dans les rues...

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2 min

La clim’, quel est le problème ?

Alors que le nombre de jours de forte chaleur ne cesse de croître, la demande en climatisation explose. Ils seraient 1,6 milliard de climatiseurs dans le monde, et on s’attend à l’explosion de leur nombre : ils seront 5,6 milliards en 2050. Une clim qui sauve des milliers de vies chaque année dans le monde. Cela a été évalué par, entre autres, une étude du Lancet en 2019, qui évalue à 195 000 vies dans le monde, sauvées grâce à la climatisation lorsqu'on a à peu près 345 000 décès liés à la chaleur chez des personnes de plus de 65 ans. Mais la clim’ participe aussi au dérèglement du climat. Alors, comment résoudre cette équation ? Quelles alternatives sont possibles ?

Une croissance de l’usage de la climatisation qui augmente les gaz à effet de serre

Vincent Viguié est économiste du climat à l’école des Ponts ParisTech. Il se souvient d’une étude parue il y a deux ans. Elle portait sur l'augmentation du besoin de climatisation dans le monde et les conséquences en termes de gaz à effet de serre. « Et selon cette étude, à l'heure actuelle, dans le monde, la consommation d'électricité augmente et se développe très vite. Pour près de la moitié, cette augmentation de la consommation électrique est liée à la climatisation. Et si l'électricité n'est pas produite de manière complètement décarbonée, cela accroît les émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, ces appareils rejettent du chaud… De façon non-négligeable. Si on ne s’appuie que sur cette solution pour lutter contre la canicule, le jour où on connaît une panne, on est très vulnérable. » Clara Simay, architecte au sein de la coopérative Grand Huit, ajoute : « Le gaz utilisé dans ces climatiseurs, le gaz fluoré, un gaz frigorifique est 1000 fois plus producteur de gaz à effet de serre que le CO2 ! »

Un sujet pas encore pris à bras-le-corps par les professionnels du bâtiment

Clara Simay témoigne : « Il existe des réglementations thermiques qui commencent à être contraignantes. En Europe, on a quelques dispositifs. Mais il est vrai que la majorité de la production architecturale de nos villes, aujourd'hui, ne tient pas compte des éléments bioclimatiques et de cette adaptation des bâtiments pour fonctionner sans ces machines. »

Les solutions

  • 26° C : c’est la température jusqu’à laquelle on est bien. Or, la climatisation est souvent réglée à 22° ou moins, et c’est beaucoup trop froid. Si l’habitude était plus chaude, ce serait mieux en termes d’énergie.
  • Prendre les modèles de climatisation les moins impactants.
  • Si on se sert de la climatisation, optimiser son usage.
  • Utiliser le ventilateur ? C’est mieux, même s’il faut le laisser plus longtemps. Il consomme beaucoup moins qu’une climatisation qui utilise le chaud et le froid.
  • Isoler les bâtiments : moins ouvrir à l'est, à l'ouest, occulter, ou mettre des « casquettes » au sud pour limiter le rayonnement, mettre des couleurs plus claires, utilise des matériaux denses, avec une forte inertie qui vont être capables d'emmagasiner la chaleur au moment le plus critique et qui vont la restituer à des moments la nuit par exemple.
  • Accroître la végétation qui fait de l'ombre, ce qui est un premier effet très positif. Le deuxième effet est l'évapotranspiration des plantes qui contribue à rafraîchir autour d’elles.
  • Tout ce qui est « low tech » : créer des courants d’air, vaporiser de l'eau sur des couvertures en laine qui servent de rideaux sur les fenêtres ouvertes.

Nos invité.e.s :

  • Clara Simay, architecte au sein de la coopérative Grand Huit

Programmation musicale

  • Jalen Ngonda

    That's all I wanted from you

    Album Come around and love me (2023)

    Label DAPTONE RECORDS / MODULOR

  • LA FEMME

    Aloha (radio edit)

    Album Aloha (radio edit)

  • BERRY

    Le Bonheur

    Album LE BONHEUR (2007)

L'équipe

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