L’éducation au changement climatique

L'éducation au changement climatique ©Getty - Dusan Stankovic
L'éducation au changement climatique ©Getty - Dusan Stankovic
L'éducation au changement climatique ©Getty - Dusan Stankovic
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Pour sensibiliser ses élèves au changement climatique, un professeur de technologie de La Rochelle a imaginé un projet un peu fou : les emmener au Svalbard, tout près du pôle Nord, au chevet des glaciers.

Envoyer des collégiens en Arctique pour les sensibiliser au changement climatique : l’idée est née dans la tête de François Bernard, professeur de technologie du collège Fénelon Notre-Dame de La Rochelle. Il a fait avec des élèves deux expéditions au Svalbard : la première en avril 2018 avec 20 élèves et une deuxième en 2019 avec 12 élèves, où ils ont fait en plus un bivouac de 3 jours sur un glacier. Accompagnés par Heïdi Sevestre, glaciologue spécialiste du Svalbard, les collégiens ont pu voir de leurs propres yeux les effets du dérèglement.

Social Lab
4 min

C'est l'histoire d'une classe de neige un peu particulière, avec des élèves de troisième d'un collège qui ont choisi une option dédiée au changement climatique.

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Leur destination la banquise et les glaciers de l'Arctique, à une époque où Greta Thunberg n'existait pas encore médiatiquement.

Tout commence en effet à la rentrée 2017 avec un professeur de technologie qui imagine un cours pratique loin de la froideur d'une salle de classe. Le froid, ils vont le trouver quelques mois plus tard, lors d'une expédition dans le Grand Nord, dans cette région aux avant-postes du réchauffement de la planète.

À leurs côtés, Heïdi Sevestre, une glaciologue française, qui travaille au Svalbard et qui va les accompagner tout au long de leur projet. Leur option est baptisée "Demain, c'est nous". Cinq ans plus tard, un livre raconte leur aventure collective et ils viennent en parler.

Constater le réchauffement par soi-même

Heïdi Sevestre : « Au Svalbard, la rapidité des changements est incroyable. Il se réchauffe 6 à 7 fois plus vite que le reste de la planète. Ce petit archipel d'ici la fin du siècle pourrait gagner encore 10 à 14 degrés de changement de température. C'est considérable. C'est un royaume de glace où le sol est gelé avec des glaciers sur les montagnes, et de la neige partout. Là où il y a de la banquise normalement dans les fjords, tout s'effondre… Il fallait que les élèves le voient de leurs propres yeux ce changement climatique, que ce soit un électrochoc pour eux. On est donc allé voir la banquise, le permafrost, les glaciers. On leur a aussi fait récolter des données et rencontré les meilleurs scientifiques. On voulait qu’à tout prix que ce changement soit ressenti par les jeunes au plus profond dans leur chair. »

En connexion avec les enjeux actuels

Comment est née l'idée d'emmener des élèves au cœur de la crise climatique ? L’enseignant François Bernard qui a mis en place "Demain, c'est nous" explique : « J'étais proche de la nature. Je parcourais souvent la montagne avec mes enfants. J’avais l'occasion de voir leurs réactions. Quand je retournais en classe, je m’apercevais que cette nature à laquelle j'étais extrêmement attaché, on n'en parlait pas beaucoup. Elle était très peu présente. Je me disais que c’était incroyable que des jeunes soient là pour préparer leur avenir et à aucun moment, on aborde ces sujets avec eux. Par ailleurs, on ne faisait pas confiance aux jeunes. J’ai vu qu’ils avaient plein d’idées et qu'il fallait absolument leur mettre les choses en main. » Heïdi Sevestre, glaciologue, qui participe au projet et au livre, était en Écosse quand elle a reçu le mail de François Bernard. « C’était une période où je me posais beaucoup de questions sur la responsabilité des scientifiques pour rendre cette science accessible à toutes les générations. J'étais vraiment devenue une glaciologue de bureau. Son message m’a tout de suite intéressée. »

Une option qui n’existait pas

Si la question du réchauffement est abordée en géographie, en biologie, en sciences et vie de la terre, en sciences physiques… Il n’y avait rien qui, à proprement parler, traitait le sujet. Anissa Duchet a appris par des amis la création de cette option. Siméon Brand : « À l’époque, le réchauffement climatique est quelque chose dont on a vaguement connaissance, sans véritablement en avoir conscience. On s’est engagé dans cette option un peu aveuglément pour en apprendre plus. Et cerise sur le gâteau, il y avait un voyage au Svalbard de prévu. »

Un voyage contradictoire ?

François Bernard écrit dans son livre : « J'ai imaginé un scénario choc pour sensibiliser mes élèves aux problèmes du réchauffement climatique : les déplacer en Arctique ou en Antarctique au chevet des glaciers de la banquise, ce qui impliquait un bilan carbone contradictoire avec le projet. ». Le professeur justifie ce choix : « A la base, je suis prof de techno et j'aime bien les choses concrètes. Et je voulais absolument que les élèves fassent travailler leurs sens, qu'ils puissent toucher, qu'ils puissent voir et sentir. Par des expériences précédentes au Sahara, ou en Mongolie, je savais qu'il fallait aller dans des lieux où la nature est vraiment très présente, où elle est plus forte et où on est réduit à trois fois rien. Mais cette discussion sur notre bilan, on l’a eue avec les élèves. Les personnes qui nous ont aidés ont fait une compensation carbone. Aujourd’hui, je n’irais plus aussi loin. Le bilan carbone a pris une plus grande place dans nos vies. »

Heïdi Sevestre ajoute : « Je comprends très bien la question du bilan carbone. Elle montre qu'on est vraiment de plus en plus conscients de notre responsabilité. Et nous aussi, les scientifiques, on se pose cette question. Le Svalbard est vraiment devenu l'épicentre du changement climatique aujourd'hui. On y trouve les meilleurs scientifiques au monde qui étudient le changement climatique et on y trouve aussi d'autres problématiques comme la gestion de l'environnement, le tourisme, les mines de charbon… Et donc, on a plus confronté les élèves à tous ces acteurs de l'écosystème dans un endroit finalement tout petit dans cette bulle au cœur de l'Arctique. Et je ne pense pas que les touristes reçoivent la même éducation en allant sur place, qu’ils aient ensuite la même sensibilité face à ces sujets-là et qu’une fois rentrés chez eux, qu'ils essaient de révolutionner la planète. »

La suite est à écouter…

Avec :

  • François Bernard, professeur de technologie au collège Fénelon Notre-Dame
  • Heïdi Sevestre, glaciologue, elle travaille pour le Conseil de l’Arctique et dans un programme de surveillance et d’évaluation de l’arctique (AMAP). Ils co-signent Demain, c’est nous, éditions du Faubourg
  • Siméon Brand étudiant à Sciences Po à Paris
  • Anissa Duchet étudiante à Poitiers en licence de médecine et géologie
Social Lab
3 min

Le site E2F2 (Ecological Education For Future)

Programmation musicale

  • Grian Chatten

    Fairlies

    Album Fairlies (2023)

    Label PARTISAN RECORDS

  • EMMA PETERS (Compositeur)

    Feu

    Album Dimanche (2022)

    Label LOCAL / TOT OU TARD

  • Enzo Enzo

    Juste quelqu'un de bien

    Album Deux (1994)

    Label RCA/BMG

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