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À Caen, la mairie distribue des coccinelles contre les pucerons

Depuis bientôt quarante ans, le jardin botanique de Caen accueille la distribution gratuite de pontes de coccinelles..

Comme chaque année depuis 1984, la Ville de Caen distribue des boîtes contenant des larves de coccinelles au Jardin des plantes. Ces voraces insectes boulottent les pucerons... et permettent de se passer de pesticides.

Caen (Calvados), reportage

« Maman venait déjà il y a une vingtaine d’années et je me récupère des larves moi aussi une à deux fois par saison ! » Au jardin botanique de Caen, Claude a perpétué une quasi-tradition de la ville normande : profiter de la distribution gratuite de pontes de coccinelles. Cette initiative de la municipalité existe depuis 1984 et vendredi 28 avril dernier, entre 250 et 300 personnes ont fait la queue pour obtenir leurs larves d’adalia bipunctata, une espèce naturellement présente en Normandie. « Nous donnons par personne une boîte qui comprend une cinquantaine de larves », dit Xavier Dussart, du service Botanique et biodiversité de la Ville de Caen. « L’objectif est d’éviter l’usage des pesticides dans la lutte contre les pucerons, des ravageurs récurrents dans les jardins. »

En effet, chaque larve de coccinelle à deux points distribuée peut dévorer en un jour entre 75 et 100 pucerons. Dans chaque petite boîte, il y a trois petites languettes où est posée une ponte de coccinelle, de couleur jaune. Conservées chez soi à température ambiante, les languettes noircissent en quelques jours et peuvent alors être fixées sous une feuille à proximité de pucerons, avec un trombone ou une agrafe par exemple. S’en suivra alors un festin de pucerons... Au bout d’une vingtaine de jours, la larve vorace se transforme en coccinelle adulte.

Chaque boîte contient environ une cinquantaine d’œufs déposés sur trois languettes en papier. © Guy Pichard / Reporterre

« C’est génial parce que cela montre aux gens que la coccinelle a une utilité dans le jardin et cela change leur regard car une fois qu’elles sont là, on va les chercher, les observer et découvrir au passage de nouvelles espèces », dit Emmanuel Jacob, chargé d’étude entomologiste et bénévole au Groupe d’étude des invertébrés armoricains (Gretia). Les larves sont produites dans le sous-sol du Jardin des plantes. La Ville de Caen ne s’est d’ailleurs pas lancée dans l’entomoculture uniquement pour distribuer des kits au grand public mais également pour lutter contre les ravageurs dans ses espaces verts.

Deux animateurs sont chargés de distribuer les petites boîtes, expliquer le processus et se renseigner sur le lieu d’habitation des visiteurs. © Guy Pichard / Reporterre

Pour aller plus loin, le Gretia travaille actuellement sur deux atlas qui permettront de dresser un état des lieux des populations : l’un sur la zone que couvre l’association (Normandie, Bretagne & Pays de la Loire), l’autre sur la seule ville de Caen (avec la municipalité), décidément très portée sur la question. « Pour ce dernier, nous procédons via un maillage en zone d’un kilomètre carré pour répertorier les individus dans un contexte très différent du premier travail, car c’est en milieu urbain », détaille Charlotte Delaune, bénévole elle aussi au Gretia et animatrice Normandie de l’atlas des coccinelles du grand ouest.

La France dénombre une centaine d’espèces de coccinelles, le Calvados 55 et Caen... 35 ! © Guy Pichard / Reporterre

« Ce travail scientifique a pour but de laisser un témoignage des connaissances pour les générations futures car notre environnement va changer, notamment avec le réchauffement climatique. Chacun peut y contribuer car par exemple, certaines espèces sont faciles à reconnaître. » Le monde compte environ 6 000 espèces de coccinelles, la France en dénombre une centaine, le Calvados 55 et Caen... 35 !

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