Guide pratique

Comment se chauffer sans mettre en danger sa santé ?

La baisse des températures apporte son lot d’intoxications au monoxyde de carbone. Nos conseils pour éviter le pire avec votre chauffage.
Une femme se réchauffe devant son poêle à bois

Avec la flambée des prix de l’énergie, vous pourriez être tenté d’avoir recours à des systèmes de chauffage alternatifs ou de faire l'économie de l’entretien de vos équipements. Mais en procédant ainsi, vous mettez en danger votre santé et celle de vos proches. « Depuis septembre 2022, d’après les données des Centres antipoison, plus de 70 personnes ont été intoxiquées après avoir voulu chauffer leur logement avec des appareils non prévus pour cet usage, rapporte l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Plus de la moitié ont été hospitalisées. »

Le coupable ? Le monoxyde de carbone, un gaz incolore et inodore, qui résulte d’une combustion incomplète du bois, du butane, du charbon, de l'essence, du fioul, du gaz naturel, du pétrole ou du propane. « Chaque année, ce gaz toxique est responsable d’une centaine de décès en France », selon le ministère de la santé.

Début octobre, il a par exemple entraîné la mort d’un homme qui chauffait son logement avec un poêle à charbon, dans le Nord. Mi-novembre, il a conduit à l’hospitalisation de treize personnes dans le Pas-de-Calais, en raison d’un dysfonctionnement du chauffage. Ces intoxications peuvent, la plupart du temps, être évitées. Voici quatre choses à savoir pour les prévenir et les repérer. 

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1. Quels sont les appareils à risque ?

Tous les appareils à combustion sont une source potentielle de monoxyde de carbone : chaudières, chauffe-eau, cheminées, poêles, chauffages d’appoint, cuisinières... Mais la quantité de gaz émis varie en fonction de la nature du combustible et de la qualité de la combustion.

Ainsi, les appareils les plus à risque sont les barbecues, les poêles à charbon, les braseros, les cuisinières et les groupes électrogènes. En extérieur, les barbecues, poêles à charbon et braseros émettent toujours une petite quantité de monoxyde de carbone, mais elle se disperse dans l’air. Ce qui n'est pas le cas si vous les utilisez à l’intérieur de votre logement. Notez également que les chauffages mobiles d’appoint sont sources de risques s'ils sont utilisés en continu.

Faites aussi attention avant de vous lancer dans la fabrication de systèmes de chauffage alternatifs en vogue sur les réseaux sociaux. Par exemple, la tendance venue des Pays-Bas qui consiste à se chauffer à l’aide de pots en terre cuite et de bougies chauffe-plat peut causer des intoxications au monoxyde de carbone.

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La prudence s’impose également avec les cheminées à éthanol, dont l’objectif n’est pas de chauffer mais de reproduire l’esthétique d’une cheminée traditionnelle. 60 millions en a testé deux l’an dernier, et chacune d’elle émettait plus de 11 ppm de monoxyde de carbone, alors que la valeur limite pour la protection de la santé humaine est de 8 ppm. La Commission de sécurité des consommateurs avait déjà alerté sur ce sujet en 2008.

2. Comment détecter une intoxication au monoxyde de carbone ?

Le problème du monoxyde de carbone, c’est qu’il est impossible de le voir ou de le sentir. Ce sont donc des symptômes à priori anodins qui doivent faire office d’alerte : maux de tête, fatigue, vertiges, nausées, vomissement. « Il faut d’autant plus penser à une intoxication au monoxyde de carbone que plusieurs personnes du même foyer ressentent ces symptômes », insiste l’Anses. 

L’agence précise également qu’« une personne intoxiquée peut rapidement perdre connaissance et tomber dans le coma ». Selon le ministère de la santé, une intoxication importante peut aussi conduire à la mort, « parfois en quelques minutes ». D’où l’importance d’agir au plus vite.

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3. Quels sont les bons réflexes à avoir ? 

La première chose à faire est d’aérer la pièce. Si vous le pouvez, éteignez les appareils à combustion, et évacuez les lieux. « La prise en charge des personnes intoxiquées doit intervenir rapidement, dès les premiers symptômes, et peut nécessiter une hospitalisation spécialisée », souligne le ministère de la santé. Vous pouvez joindre les secours en composant le 15 (Samu), le 112 (valide dans tous les pays de l’Union européenne) ou le 114 (pour les personnes sourdes et malentendantes).

4. Comment éviter l'intoxication ?

Pour commencer, proscrivez tous les appareils qui ne sont pas destinés à chauffer des lieux clos : cuisinière, braseros, barbecues… Souvenez-vous également que les chauffages d’appoint (au pétrole, au butane...) ne doivent pas fonctionner en continu, mais seulement par intermittence, et que les groupes électrogènes doivent rester à l’extérieur. 

Quant aux appareils de chauffage traditionnel, leur entretien régulier est non seulement fondamental mais aussi obligatoire. Y déroger, c'est vous exposer à ne pas être couvert par votre assurance en cas de sinistre ! Ainsi, faites ramoner les conduits et les cheminées au moins une fois par an. Il est également conseillé de faire vérifier les chaudières et poêles à granulés et à bûches ainsi que les chaudières et chauffe-eau à gaz, avant l’arrivée du froid. « Lors de l’entretien annuel de votre chaudière, le professionnel qualifié qui intervient est tenu de mesurer le monoxyde de carbone pour s’assurer que votre installation n’[en] émet pas », ajoute le ministère de la santé.

Cette vérification est aussi valable lors de l'installation d'un nouvel appareil. « Si vous venez d’acquérir ou d’installer un nouvel appareil de chauffage, veillez à vous assurer auprès d’un professionnel qualifié de la bonne installation et du bon fonctionnement de l’appareil avant sa mise en service », rappelle le ministère, qui recommande aussi de bien respecter les consignes d’utilisation indiquées sur le mode d’emploi de vos appareils à combustion. Au quotidien, aérez régulièrement votre logement et ne bouchez jamais les entrées d’air.

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Que valent les détecteurs de monoxyde de carbone ?

Contrairement aux détecteurs de fumée, obligatoires depuis 2015, l’installation d’un détecteur de monoxyde de carbone est une démarche volontaire.

Mais attention ! Votre logement a beau être équipé d’un détecteur de monoxyde de carbone, vous n’êtes pas à l’abri d’une intoxication. Selon un avis du 21 novembre 2013 de la Commission de la sécurité des consommateurs, leur niveau de sécurité est trop souvent insuffisant.

Si vous possédez les deux détecteurs, veillez à ne pas confondre leurs alarmes : « les comportements à adopter en réaction du déclenchement de l’alarme d’un DAAF (ne pas sortir de chez soi, calfeutrer les portes, se mettre à côté de la fenêtre et attendre les secours) sont à l’inverse de ceux à adopter si l’alarme d’un détecteur de CO se déclenche (ouvrir les fenêtres et sortir du logement) ».

De même, ces deux appareils ne s’installent pas au même endroit. Alors que les détecteurs de fumée doivent être fixés au plafond et de préférence au centre d'une pièce, les détecteurs de monoxyde de carbone sont plus efficaces lorsqu'ils sont placés à hauteur d'homme et à proximité des appareils à combustion ou des conduits de chauffage.

Si vous souhaitez en installer un, « assurez-vous au préalable que le détecteur que vous avez choisi soit conforme à la norme européenne NF EN 50291 (cette mention doit figurer sur l’emballage du produit) », conseille le ministère de la santé. 

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