Renaturer les villes (2022)

Méthode, exemples et préconisations

23 novembre 2022ContactGaëtane Debœuf De Los Rios Serrano, Marc Barra, Gwendoline Grandin

À l’heure de l’objectif national « zéro artificialisation nette », ralentir l’urbanisation et renaturer les villes deviennent deux stratégies incontournables et complémentaires. Elles se posent avec d’autant plus d’acuité que la biodiversité décline fortement au sein des villes, que les effets du changement climatique (ruissellement, inondations, îlots de chaleur urbains) s’amplifient et que la santé et le bien-être se dégradent dans les métropoles.

Or, nos villes regorgent d’espaces inutilement asphaltés ou bétonnés sur lesquels la nature pourrait reprendre ses droits. Ce gisement, actuellement mal quantifié, pourrait être mobilisé pour agrandir les espaces de nature, les relier entre eux, rouvrir des rivières urbaines, restaurer des zones humides et créer de nouveaux espaces de nature. Pour relever ce défi, les collectivités et leurs partenaires publics et privés ont besoin de localiser les secteurs à renaturer en priorité et de préconisations pour les accompagner techniquement. L’ouvrage « Renaturer les milieux urbains » revient sur les différentes approches de la renaturation et propose une méthode pour identifier les zones urbaines à fort potentiel de renaturation pour la biodiversité, l’adaptation au changement climatique et la santé des populations. Enfin, au travers de multiples retours d’expériences, il suggère des recommandations pour mettre en œuvre son projet dans les meilleures conditions.

LA RENATURATION : DE QUOI PARLE-TON ?

La renaturation renvoie à l’idée générale d’un « retour à l’état naturel ou semi-naturel des écosystèmes qui ont été dégradés, endommagés ou détruits par les activités humaines ». Longtemps associé à la remise en état des espaces naturels dégradés, ce concept gagne du terrain en milieu urbain depuis l’introduction de la zéro artificialisation nette également avec l’essor des solutions fondées sur la nature. Dans le cadre de l’objectif zéro artificialisation nette, décliné dans la loi Climat et Résilience (n°2021-1104 du 22 août 2021), la renaturation est définie comme « des actions ou des opérations de restauration ou d’amélioration de la fonctionnalité d’un sol, ayant pour effet de transformer un sol artificialisé en un sol non artificialisé ».
En ville, la renaturation peut prendre des formes extrêmement variées. Parfois confondue avec la désimperméabilisation (qui consiste uniquement à redonner une perméabilité à la couche superficielle du sol), elle implique un retour à la pleine terre et à la fonctionnalité écologique. Les aménagements hors-sols comme les toitures végétalisées, les potagers urbains en bacs, les espaces végétalisés sur dalle, les murs végétalisés modulaires, etc - qui peuvent participer à une meilleure gestion des eaux pluviales - ne rentrent pas dans la catégorie des espaces renaturés.

IDENTIFIER LES SECTEURS À FORT POTENTIEL DE RENATURATION

La méthode REGREEN, développée par l’ARB îdF dans le cadre du projet européen éponyme, permet d’identifier les zones de renaturation prioritaires en milieu urbain au regard de trois enjeux majeurs : la reconquête de la biodiversité, l’adaptation au changement climatique, et l’amélioration de la santé et du cadre de vie. Pour ce faire, chacun de ces enjeux a été étudié à l’aide de critères sélectionnés à partir de la littérature scientifique, de nombreux échanges avec des experts et selon la disponibilité des données à l’échelle francilienne.

•    L’enjeu « reconquête de la biodiversité » cible les zones déficientes du point de vue de la biodiversité via l’étude de la taille des espaces végétalisés ; du pourcentage de couvert végétalisé ; de la présence d’habitats rares,

•    L’enjeu « adaptation au changement climatique » cible les zones exposées aux effets du climatiques : inondations par crues ; ruissellement ; îlot de chaleur urbain (ICU),

•    L’enjeu « amélioration de la santé et du cadre de vie » cible les zones vulnérables par leur carence en espaces verts ; la pollution de l’air ; et les problèmes sanitaires liés aux ICU.

Dans une première approche quantitative, sur l’ensemble de l’Île-de-France, la méthode permet d’estimer un total de 30 535 hectares de sites minéralisés potentiellement renaturables, dont 7 016 ha pour lesquels la renaturation apporterait un bénéfice au niveau de la biodiversité, du changement climatique et de la santé.

RÉUSSIR SON PROJET DE RENATURATION : ÉTAPES ESSENTIELLES

Le guide « Renaturer les villes » revient enfin sur un ensemble de préconisations et méthodes mobilisables pour mener à bien son projet de renaturation : quels sont les diagnostics à réaliser au préalable ? Comment restaurer les sols et les communautés végétales ? Quels sont les modes de gestions à adopter pour les espaces renaturés ? Quels sont les outils mobilisables pour les protégés ? Ou encore, quels sont les bénéfices à impliquer la population dans ces projets ? 

De nombreux exemples de projets réalisés viennent rythmer et illustrer l’ouvrage, comme la réouverture du petite Rosne à Sarcelles :

 

Où renaturer en Île-de-France ?

Outil cartographique Cartoviz

Ce Cartoviz a été élaboré (dans le cadre du projet européen REGREEN) par L'Institut Paris Region et son département Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France également . Il permet de visualiser les résultats obtenus par la méthode REGREEN : les zones de renaturation prioritaires en milieu urbain et les sites minéralisés potentiellement renaturables. 

Projet européen REGREEN

Découvrez le projet européen H2020, baptisé Regreen (budget : 5,3 M€), dont le thème principal porte sur les solutions fondées sur la nature en milieu urbain. L’Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France est l’un des 16 partenaires du projet européen.

En savoir plus

 

Cette étude est reliée aux catégories suivantes :
Projet européen REGREEN | Observatoire des pratiques | Solutions fondées sur la nature (SFN) | Zéro artificialisation nette | Sols | Nature en ville | Renaturation

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