Des catastrophes pas naturelles

Village de Sospel, octobre 2018. ©AFP - Valery Hache
Village de Sospel, octobre 2018. ©AFP - Valery Hache
Village de Sospel, octobre 2018. ©AFP - Valery Hache
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Les vies de Ludovic et Max ont été chamboulées par les conséquences du réchauffement climatique. Le hameau où vit Ludovic se retrouve coupé du monde suite aux pluies torrentielles qui ont détruit la route. Tandis que des inondations dans son exploitation d'oliviers ont mené Max au burn-out.

Les experts du MedEcc évoquent le réchauffement climatique et désignent la Méditerranée comme une des régions les plus touchées.

Ludovic, 31 ans, nous raconte son quotidien depuis qu’un pan de montagne s’est affaissé, emportant avec lui la route qui reliait son hameau au village de Sospel, dans les Alpes-Maritimes. C’est 200 000-300 000 mètres cubes de terre qui se sont affaissés, sur une hauteur de 100 mètres. Depuis, il est possible de rejoindre le village uniquement par un sentier de grande randonnée, soit 4 kilomètres de sentiers escarpés ! Ludovic pose la question : "Comment faisait-on avant ?"

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"J’ai pensé acheter une mule, mais c’est plus cher qu’une Twingo !" Ludovic

Ludovic évoque la lassitude qui s’installe et l’attente interminable de la construction d’une piste en terre pour remplacer la route.

"Je vais essayer de viser un peu d’autonomie alimentaire – planter des patates — pour me préparer à la fin du monde." Ludovic

Il nous dévoile sa vision des années à venir : "Si demain, on rentre dans une décroissance, il y aura des gens inaptes à survivre ! Il y a des propriétaires ici qui, faute de pouvoir marcher, ont abandonné leur domicile."

"La société n’est pas du tout prête pour faire face au réchauffement climatique. Pour moi, le réchauffement climatique c’était quelque chose d’un peu abstrait ; on ne va pas tuer une planète en 25 ans et 3 mois ! La planète, elle a combien de millions d’années ? Elle va survivre quand même !" Ludovic

"Aujourd’hui, il y a plus d’entre-saisons. Il est où le printemps ? Il est où l’automne ? Partis en vacances ! Ils sont plus là, on les voit plus." Ludovic

À réécouter : Le feu
Les Pieds sur terre
29 min

Max, oléiculteur à Draguignan, dans le Var, nous raconte les inondations de 2010, puis les saisons de sécheresse et les conséquences sur les récoltes. Il y a un problème à l’étape de la pollinisation de l’olivier, les belles grappes de fleurs ne se transforment pas en olives.

"Comme vous pouvez le voir, il n’y a rien… à part trois olives sur cette branche." Max

Depuis 2010, les récoltes de Max sont très faibles et cela met en péril son exploitation. "Quand on a travaillé toute une année, pour en définitive ne rien récolter, ça fait mal. C’est une perte totale."

"Aujourd’hui, parler de pluie c’est toujours un problème ! Soit parce qu’il en manque, soit parce qu’elle arrive d’un coup en trop grande quantité ! Même les danses ne font pas pleuvoir !" Max

"On ne peut plus se fier au temps qu’on voit la veille pour dire le temps qu’il va faire le lendemain." Max

Max s'interroge aussi sur son impact sur le milieu naturel qui l'entoure.

"Il faut penser à l’impact que l’on a, à tirer dans les nappes phréatiques, surtout pour des cultures qui n’en ont pas besoin ; puiser dans des ressources qui vont faire défaut dans les années à venir." Max

À réécouter : Les Pieds dans la terre
Les Pieds sur terre
28 min

Merci à Max, Ludovic, Jacques, Véronique et à Beyroulf.

Première diffusion : 14/10/2019

  • Reportage : Sofia Fischer
  • Réalisation : Clémence Gross et Emmanuel Geoffroy

Musique de fin : Les moulins de mon coeur par Michel Legrand

Des nouvelles

Depuis la diffusion de ce reportage, la tempête Alex est passée dans l’arrière-pays niçois où elle a ravagé les vallées, faisant 18 morts. À Sospel, la population a été plus épargnée qu’ailleurs mais la tempête a renforcé la vulnérabilité immense de ce territoire face au changement climatique.

Tandis que dans le Var, la sécheresse a été si terrible cet été que plusieurs villages ont dû être alimentés par camion-citerne.

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