Quand l'enseignement de la sobriété passe par le rationnement de l’enseignement

Amphithéâtre vide ©Getty - Oliver Kramm / EyeEm
Amphithéâtre vide ©Getty - Oliver Kramm / EyeEm
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Deux semaines de fermeture supplémentaires cet hiver à l’Université de Strasbourg pour faire face à la flambée des prix de l’énergie : une semaine de vacances en plus et une semaine de cours en distanciel, le tout pour favoriser selon les mots du président "l’acquisition d’une culture écologique".

Mardi 20 septembre, l’annonce a fait flamber les réseaux sociaux d’autant que Sylvie Retailleau, la ministre de l’Enseignement supérieur, déclarait le matin même sur France info "nous mènerons ce plan de sobriété AVEC les étudiants, il n’y aura pas de retour en distanciel." Alors face à cette contradiction flagrante, la polémique n’a pas tardé…

Étudiants et lycéens montrent l'absurdité de cette décision sur les réseaux sociaux

Certains comptes photographient les écrans allumés 24h sur 24h dans le hall d’entrée de l’université de Strasbourg, d’autres rappellent le précédent des musées que la ville a décidé de fermer deux jours par semaine et l’on apprend que la région refuse d’allumer le chauffage dans certains lycées où la température ne dépasse pas 11 degrés. Le jeu concours organisé par le Crous de la capitale alsacienne sur Instagram n’a pas vraiment amélioré cette image : pour lutter contre la précarité étudiante il était possible de remporter jusqu’à deux mois de repas gratuits enfin c’était avant que l’indignation populaire ne permette d’en faire l’économie, le jeu a finalement été annulé.

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Les consignes viennent d'en haut

Évidemment, la fin de l’abondance en milieu scolaire ne se limite pas à une région et c’est bien la politique du ministère de l’Enseignement supérieur ainsi que celle de l’Education nationale qui sont mises en cause. Lorsque certains professeurs partagent les consignes des intendants qui signalent aux élèves et aux personnels l’interdiction de recharger leurs téléphones et leurs ordinateurs au lycée et qui spécifient bien que chacun doit veiller à ce que ses appareils électroniques soient suffisamment chargés pour tenir toute une journée de cours, il apparaît clairement aux yeux de tous que les budgets publics ne vont pas supporter les dépenses énergétiques de chacun… Mais d’un point de vue écologique et non plus strictement comptable, quel est le plus rationnel entre chauffer une université ou chauffer tous les étudiants chez eux s’interroge-t-on ? Si les étudiants restent chez leurs parents après Noël, est-ce que cela annule la surconsommation ?

La sobriété étudiante, un mauvais combat ?

Plus généralement c’est la hiérarchisation des décisions politiques qui énerve ; selon les calculs de certains internautes, en un an, l’Université de Strasbourg consomme en électricité un tiers de la consommation estimée des écrans de publicité sur l’ensemble du territoire ; pour nombre d’internautes, dans les services publics, sobriété s’écrit pénurie.

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