Les fabricants de protections périodiques poussés à plus de transparence

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Les fabricants de protections périodiques poussés à plus de transparence

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Serviettes ou tampons, il est aujourd’hui impossible de connaître leurs compositions exactes.
Serviettes ou tampons, il est aujourd’hui impossible de connaître leurs compositions exactes.
© Maxppp - Jean-François Frey

INFO FRANCE INTER - Pour mieux connaître la compositions des tampons, des serviettes hygiéniques ou encore des coupes menstruelles, un décret est en cours de préparation. Les marques seront obligées d’indiquer les produits utilisés pour leur fabrication.

"Les protections hygiéniques manquent de cadre. Elles sont moins réglementées qu’un sparadrap ou un rasoir jetable alors qu’elles sont utilisées de manière beaucoup plus intimes." En une phrase, Maud Leblon, la directrice de l’association Règles Élémentaires, résume la situation. Il est aujourd’hui impossible de connaître la composition exacte des tampons et serviettes périodiques. Ces produits sont pourtant utilisés par 15 millions de femmes chaque mois. C'est pourquoi le gouvernement prépare un décret obligeant les fabricants à plus de transparence, selon les informations de France Inter et de "Libération".

"Une question de santé publique"

Le ministre de la Santé veut ce décret pour obliger les industriels à publier "la consommation précise, exhaustive, en transparence de tout ce qui compose les tampons, les serviettes hygiéniques, les coupes menstruelles. Tous les produits d’hygiènes et de protections intimes". La liste exacte des matériaux et substances chimiques qui rentrent dans la composition des protections hygiéniques devra être inscrite sur l’emballage.

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Olivier Véran qualifie la situation de "no man’s land". Selon lui, "beaucoup de femmes s’interrogent", avec des produits "plus ou moins recommandés". Une question de "santé publique et de santé environnementale", assure le ministre auprès de France Inter.

Une première étape pour les associations

Dans un rapport publié il y a trois ans, l'ANSES avait identifié un certain nombre de substances toxiques dans des tampons et serviettes hygiéniques. "Il y a effectivement encore très peu d'analyses", regrette Marie-Paule Noël, en charge des questions liées à la précarité menstruelle au sein du collectif Georgette Sand. Elle se réjouit de ce futur décret, "une première étape".

"Avant de savoir si ces tampons ou serviettes sont nocifs pour la santé, on doit savoir ce qu’il y a dans dedans", ajoute Maud Leblon, de l’association Règles Élémentaires. "Une fois que l’on aura cette transparence, on pourra entamer la deuxième phase. On pourra lancer des études plus précises et plus spécifiques sur l’utilisation intra-vaginale de ces protections pour voir ce qu’il en est.

Joyce Valencia, avocate membre de la Fondation des Femmes, rappelle que l’étude de l’ANSES n’était pas assez poussée, selon elle : "Elle a été effectuée sur des échantillons et non sur l'ensemble des produits. Ce décret va nous permettre j'espère d'avoir une connaissance exhaustive et, le cas échéant, de pouvoir prendre des mesures complémentaires pour limiter certaines substances si elles se révèlent nocives ou pour les interdire."

Vers une application en janvier 2023

Car les protections hygiéniques peuvent être fabriquées avec des produits "nocifs ou toxiques", souligne Maud Leblon. "On peut retrouver du glyphosate, qui vient du coton, en fonction de la manière dont il été cultivé." Elle pointe également "des produits parfumants qui ne sont pas catégorisés comme toxiques, mais qui peuvent provoquer des irritations, des inflammations, des rougeurs". "Les règles ne sont pas sales, les règles ne sentent mauvais. On n'a pas besoin de mettre du parfum dans nos culottes", clame-t-elle.

Ce projet de décret est plus restrictif que le texte proposé par les membres de Georgette Sand, La Fondation des Femmes ou Règles Elémentaires. Pour le ministre de la santé, cette obligation de transparence poussera les fabricants à modifier d'eux-mêmes la composition de leur protection. "J'avais fait cela avec le nutriscore dans le domaine de l'alimentation ou la taxe des sodas", explique Olivier Véran. "Cela avait marché et le comportement des industriels avait changé. Ils avaient réduit le sucre dans les sodas, réduit le sel dans le jambon, je suis convaincu qu'on arrivera aussi à un comportement vertueux de la part des fabricants de protection hygiéniques."

À présent, le texte doit être négocié avec les fabricants, pour une application prévue au 1er janvier 2023.

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